Mathias,

Il y a tout juste dix ans, à six heures du matin, tu étais plongé dans une minuscule baignoire en plastique et une infirmière nettoyait les dernières traces de ton arrivée.

Depuis cette salle on surplombait le Rhône. Les premières lumières du jour, revoyaient les couleurs ocre vifs des anciens bâtiments d’en face. C’était les premières lueurs du jour, c’était les premières lueurs de ton premier jour parmi nous. C’est une image que je porterais toujours avec moi …

Pour toi c’était ta naissance, et pour moi une renaissance. Depuis des années j’y pensais, je m’y préparais, et pourtant les choses ne se déroulent pas comme on l’imagine. La vie nous surprendra toujours, et c’est mieux ainsi.

Tant bien que mal, je contenais mon émotion devant cette infirmière au geste efficace et tendre à la fois. Les hommes ne pleurent pas … et pourtant.

Ce fut un moment de paix pour nous deux après le stress de l’attente et l’accouchement. Si tu le veux, je souhaiterai pouvoir avoir des millions d’autres comme celui là. Uña y carne.

Dix ans après, dans ce nouveau jour qui naît, je suis heureux de pouvoir te dire bienvenu.